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TOUS ENTRE-PRENEURS

VISIONNAIRES DU 21eme siècle

PIERRE GATTAZ

Président de MEDEF

 

Question : Quelle  croissance au XXI e siècle ?

 

Pierre Gattaz : La croissance au XXIe siècle, c’est le savoir et l’innovation, l’un découlant de l’autre. Dans une économie mondialisée, l’innovation est un moteur essentiel de la croissance économique. Au cours des dernières décennies, de nouvelles technologies, notamment celles de l’information,  de nouvelles industries et de nouveaux modèles économiques ont eu un effet d’entrainement positif dans toute l’économie. Les nouvelles technologies s’immiscent dans tous les secteurs d’activité : le tourisme, la santé, la dépendance, le bâtiment …  Et ce n’est qu’un aspect de la révolution en cours qui va modifier radicalement la vie quotidienne avec le développement des nanotechnologies, de la robotique, de la biotechnologie. Aujourd’hui, le secteur de l'économie numérique représente le secteur le plus dynamique de l'économie mondiale avec un taux de croissance double de celui de l'économie dans la plupart des pays développés. La dimension numérique est d’ailleurs l’un des défis que nous voulons relever, elle figure en première place dans notre projet « 2020 Faire gagner la France ».

 

Question : Les entreprises françaises peuvent-elles relever le défi de l’innovation?

 

Pierre Gattaz : Si l’on veut garder ou conquérir des marchés, il est prioritaire d’inciter les entreprises à investir dans la recherche-développement. Toutes les filières françaises, industrie et services, doivent monter en gamme. Dans une économie globalisée, l’avantage comparatif c’est l’innovation, la valeur ajoutée, c’est-à-dire  des produits innovants à des prix compétitifs. Pour les entreprises françaises qui supportent des prélèvements obligatoires parmi les plus élevés d’Europe, c’est un véritable défi.  Un pays innovant c’est avant tout un pays attractif et compétitif.  Ce n’est pas le cas de la France actuellement. C’est pourquoi il est impératif que le gouvernement précise ses intentions sur le Pacte de responsabilité. Les entreprises, mais aussi le pays tout entier, ont besoin de visibilité. Il y a urgence. L’exode de jeunes diplômés et mathématiciens français qui quittent la France jugée trop peu attractive  est révélateur. Quand un pays perd sa matière grise, c’est très grave et très inquiétant pour l’avenir.

 

Question : Où situez-vous la France dans ce mouvement, sachant que la majorité des depôts  de brevets  proviennent de pays non-européens ?  

 

Pierre Gattaz : La France a des atouts considérables avec des entreprises leader dans la recherche et la technologie médicale, le nucléaire, l’aéronautique, l’énergie, l’environnement, des ingénieurs hors pair reconnus dans le monde entier,  des PME et ETI dynamiques, des start-up créatives … Malheureusement tout ce dynamisme et ces compétences  sont étouffés sous une inflation de textes et de réglementations tatillonnes et entravés par une fiscalité décourageante qui érodent les marges des entreprises françaises :  28 % contre 40 % en moyenne dans l’UE et 41 % pour les entreprises allemandes. Or une entreprise ne peut investir que si elle a les marges suffisantes pour le faire. C’est pourquoi, nous demandons une baisse des prélèvements obligatoires qui pèsent sur les entreprises de  60 milliards d’euros d’ici à 2017. Mais, bien sûr, cela n’est possible que si l’État s’engage dans une baisse significative des dépenses publiques, c’est la clé de voûte de tout l’édifice. L’innovation doit aussi concerner les services publics. La transformation numérique, notamment,  génère des gisements d’économies indispensables et des services nouveaux qui sont un facteur de développement.

 

Question : Que faut-il faire pour développer et/ou accompagner ce mouvement ?

 

Pierre Gattaz : Il faut développer la formation initiale, professionnelle, continue, ce doit être la priorité absolue. Au Medef, Nous avons travaillé sur plusieurs fronts, d’amont en aval en  couvrant tout le champ de la vie professionnelle. En amont,  en renforçant les passerelles avec l’Education Nationale et  en développant l’apprentissage. On a besoin d’apprentis, c’est fondamental. Nous avons rendu public un « Pacte de l’alternance pour la jeunesse». Notre idée est de donner un avenir aux jeunes qui manquent d’appétence pour l’acquisition théorique des connaissances ou souhaitent les  compléter  avec un savoir-faire. L’apprentissage, c’est aussi  l’acquisition d’un savoir vivre au sein d’une entité d’adultes.   En aval, nous avons ouvert une négociation sur la formation professionnelle qui a abouti à une réforme majeure. Avec cet accord, le salarié pourra bénéficier, grâce à la formation continue,  de compétences élargies, sans cesse renouvelées et transférables qui lui permettront de conserver son employabilité et la maitrise de son avenir quelle que soit l’évolution du monde professionnel, bref de rester propriétaire de son « capital  humain ». Cette réforme, nécessaire,  est essentielle, sachant que près d’un jeune sur deux travaille déjà dans un métier ou un secteur pour lequel il n’a pas été spécifiquement formé. 

 

Question : Votre campagne pour créer un million d’emplois prend-elle en compte cette dimension de l’innovation ?

 

Pierre Gattaz : Oui, le  numérique est un vivier considérable d’emplois présents et à venir,  directs et indirects, compatible avec toutes les formations, courtes, longues, en alternance… C’est une opportunité majeure pour les jeunes, et notamment pour ceux qui sortent chaque année du système scolaire sans qualification.  Notre priorité au MEDEF,  c’est de maintenir et développer l’emploi, mais aussi d’en créer. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé notre campagne « 1 million d’emplois ». Créer un million d’emplois en cinq ans, c’est ramener notre taux de chômage de 11 % à 8,9 % en 2018, c’est un objectif réaliste à condition que le gouvernement nous donne un environnement propice au développement des entreprises. Au-delà, c’est toute une dynamique qui doit se mettre en mouvement, la lutte contre le chômage doit être un objectif national,  tout le monde doit se sentir concerné, au-delà des clivages politiques, depuis les enseignants jusqu’aux acteurs de l’économie. 

 

Question : Êtes-vous optimiste ou pessimiste concernant l’avenir ?

 

Pierre Gattaz : : Au CES de La Vegas et dans la Silicon Valley  j’ai vu et mesuré la compétence, la créativité, l’ingéniosité des chefs d’entreprises français. Ces rencontres m’ont confirmé dans ma volonté et ont renforcé ma détermination de mener à bien notre projet « 2020 Faire gagner la France ».  Si le gouvernement s’emploie à faire les réformes nécessaires et si nous, de notre côté, comme nous l’avons décidé avec la création d’un pôle consacré à cet effet, accompagnons systématiquement les entreprises dans leur démarche de développement et d’exportation avec des produits innovants et irréprochables,  la France retrouvera son rang  dans le peloton de tête des pays compétitifs et prospères.  D’ailleurs le Wall Street Journal l’a affirmé à plusieurs reprises : si on libérait un jour sa capacité de production, la France serait la première économie du monde.

Lire l'interview dans le livre: 

"Tous Entre-preneurs ! La croissante du 21eme siècle a l'heure entrepreneuriale". Editions L’Harmattan, Dr. Florin Paun, 2014

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