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NEWS

 

TOUS ENTRE-PRENEURS

VISIONNAIRES DU 21eme siècle

 

MARK ZUBER

 

Directeur Ventes France, SIEMENS

 

 

Question : Vous participez à la dynamique de l’innovation en France. Comment peut-on résumer le rôle de votre entreprise sur la scène des innovations en France ?

 

Marc Zuber : Présent en France depuis plus de 160 ans, Siemens, premier groupe européen de haute technologie, donne la priorité à l’innovation dans l’industrie, l’énergie, la santé et les solutions destinées aux infrastructures urbaines. À travers ses 7 000 collaborateurs, 7 sites industriels, de nombreux partenariats avec des Écoles ou Universités et Pôle de Compétitivité, Siemens France participe pleinement au rayonnement économique français. Siemens France compte en effet 9 centres de R&D dont 7 centres de compétences qui interviennent pour l’ensemble du Groupe à travers le monde dans des secteurs de pointe comme les systèmes de transports automatiques, la métallurgie, le transport et la distribution d’énergie, la conception et la production de progiciels, la détection incendie et la mécatronique. Siemens France réalise ainsi plus d’un tiers de son chiffre d’affaires à l’export. En 2013, le Groupe Siemens en France a enregistré un volume d’entrées de commandes de 2,3 milliards d’euros. Le Secteur Infrastructure & Cities de Siemens, qui compte un effectif mondial de près de 90 000 salariés, dispose d’un vaste portefeuille de technologies durables destinées aux villes et aux infrastructures. Son offre comprend des produits, systèmes et solutions pour la gestion intelligente du trafic, le transport ferroviaire, les réseaux électriques intelligents (smart grids), les bâtiments à haute efficacité énergétique et la sécurité.

 

La Division Mobility and Logistics propose des solutions de mobilité, de transport et de gestion de la logistique à destination des villes et des collectivités, des exploitants d’infrastructures portuaires et aéroportuaires, des acteurs du secteur de la logistique, des entreprises du transport ferroviaire. La Division Rail Systems regroupe quant à elle les activités de Siemens dans le domaine du matériel roulant destins aux réseaux ferrés, ainsi que les solutions clés en main dans le secteur du ferroviaire.

 

L’innovation est inscrite dans les valeurs de Siemens. La collaboration historique que nous avons nouée avec Cequad démontre cet engagement. Cette collaboration remonte à 1985. À l’époque, Siemens Mobility & Logistics France est encore Matra Transport International. La société fait appel à Cequad pour la réalisation des cartes électroniques du VAL, première ligne de métro 100% automatique du monde. Cequad est alors une petite entité́ relativement indépendante. Aujourd’hui, on parlerait d'une start-up. Cette première collaboration donnera lieu à une succession d’autres. Matra Transport International et Cequad entament un voyage commun qui les mène dans tous les lieux du monde désireux de s’équiper d’un métro automatique : Chicago, Taipeh, Toulouse, New York, Caracas, Alger, Roissy, Turin et Helsinki. Dans les années 2000, les relations entre nos deux sociétés évoluent. La coopération prend en effet une nouvelle direction avec la mise au point conjointe du CBTC, rupture technologique dans la gestion des flux du trafic des métros. Depuis 2006, nous faisons monter Cequad en compétences pour qu’elle passe de simple fournisseur de cartes électroniques à celle de sous-systèmes. Cette co-innovation a permis à Cequad de devenir aujourd’hui un fournisseur de rang 1. L’entreprise est chargée d’acheter les composants aux fournisseurs agréés par Siemens, puis de réaliser leur intégration et tester les systèmes. La responsabilité technique est ainsi entièrement confiée à Cequad ; c'est devenu un partenaire à part entière qui reçoit même les visites régulières, pour démonstration, de nos clients finaux.

 

Question : Le modèle français d’innovation pourrait-il évoluer pour soutenir les entreprises à innover plus dans plusieurs domaines avec moins grâce à des processus collaboratifs multisectoriels et à une co-gouvernance des projets innovants avec les parties prenantes? Comment envisager ainsi la collaboration des acteurs de l’innovation des différents secteurs ou départements ?

 

Marc Zuber : Nous trouvons aussi notre avantage à une telle relation. En effet, notre activité́ requiert énormément de tests. Faire réaliser ces tests par Cequad permet à nos ingénieurs de se consacrer aux études et aux déploiements des systèmes. Ainsi, notre collaboration avec Cequad nous a permis d’améliorer notre productivité. Nous sommes maintenant en mesure de travailler sur quatre ou cinq projets simultanément au lieu d’un seul à la fois (à effectif constant). Cette collaboration privilégiée a pu se faire au travers d’un accompagnement dynamique. Nos exigences ont permis à Cequad de monter en compétence sur les aspects validations, tests et qualité́ (maitrise des standards et de la traçabilité́). Les succès de l’un font ainsi les succès de l’autre.

 

Dans une même logique de co-innovation, Siemens a participé à des projets collaboratifs avec financement public. En 2006, nous nous sommes investis avec Veolia, Iveco France (Irisbus) et des laboratoires de recherche français (l’Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité, le Laboratoire Central des Ponts et Chaussées, le Laboratoire sur les Interactions Véhicule Infrastructure) dans le projet TEOR-ANGO financé par l’ANR. Ce projet avait pour but d’améliorer le guidage optique et développer l’adjonction du pilotage longitudinal sur des bus, avec une expérimentation réelle sur la ville de Rouen.

 

En 2007, nous nous sommes associés à Lohr Industrie afin de répondre à l'appel d'offre du vaste programme de l'Agence de l'Innovation Industrielle (AII). Il s’agissait de développer la nouvelle génération de VAL : le CITYVAL. Notre partenariat avec Lohr Industrie consistait à développer la nouvelle génération de métro clés en main à automatisme intégral, prenant en compte de nouvelles attentes en matière de confort, d’environnement et de compétitivité́. Siemens France a ainsi été un des lauréats de l'AII au même titre que d'autres grands groupes français pour porter l'innovation industrielle, en s'associant à une PME innovante.

 

Plus récemment, afin de porter une innovation de rupture, nous avons déposé un projet au programme européen LIFE+ en partenariat avec la PME francilienne PVI. L'objectif est de proposer une nouvelle solution respectueuse de l'environnement pour les transports publics : des bus à haut niveau de service (BHNS) 100 % électrique avec recharge en station. Ce programme permet de financer une expérimentation commerciale afin de démontrer l’impact positif de notre BHNS sur l’environnement.

 

Siemens s’investit aussi dans l'écosystème français d'innovation avec sa participation à différents Pôles de Compétitivité. Ces participations permettent d'enrichir nos roadmaps technologiques et renforcer nos partenariats pour des futurs projets de co-innovation. Les Pôles de Compétitivité sont en effet des lieux de rencontre avec les universités, les écoles, les organismes de recherche, mais aussi avec des PME innovantes.

 

C’est dans cette optique que le Groupe a rejoint le Pôle de Compétitivité System@tic, consacré aux systèmes complexes et rassemblant plus de 750 acteurs innovants. Identifié comme « pôle à vocation internationale », il a pour finalité de faire de l’Ile-de-France l’un des quelques territoires visibles au niveau mondial sur le thème de la conception, de la réalisation et de la maîtrise des systèmes complexes. Dans cette optique, le Pôle est à la fois une « usine à innovations technologiques » par le biais des projets R&D et un cluster d’innovation ancré sur le territoire francilien. Plus spécifiquement, nous avons intégré le groupe « Automobile & Transport » du Pôle. Nous nous y investissons sur des domaines à enjeux tels que : l’éco-mobilité urbaine et péri-urbaine ; l’intégration et la sécurité pour le ferroviaire et l’automobile ; les systèmes embarqués ; l’architecture électronique flexible optimisée. Notre ambition est de faire de la fertilisation croisée entre l’automobile et le ferroviaire. Autre exemple, notre participation au Pôle I-trans, pôle de référence dans le domaine du ferroviaire, et qui nous permet de renforcer notre collaboration avec l'université de Lille. Deux thèses sont ainsi en cours avec le laboratoire L2EP, l'une consacrée à la « Simulation énergétique d’un carrousel de métros » et l'autre à l'Optimisation de la consommation énergétique.

 

Enfin, en 2014, Siemens a rejoint le pôle de compétitivité Ville et mobilité durables "Advancity". Cet écosystème au service de l’innovation urbaine durable compte quelques 241 membres (160 PME-ETI et 18 grands groupes leaders internationaux, 31 établissements d’enseignement supérieur et de recherche, 31 collectivités territoriales). Pour notre entreprise, concernée directement par le projet du Grand Paris, l’adhésion à ce pôle permet de tisser des relations pérennes avec un réseau d’acteurs innovants, dont des laboratoires de recherche publique comme l'Ifsttar (l'Institut français des sciences et technologies des transports, de l'aménagement et des réseaux).

 

Dernièrement, un contrat bi-latéral a été signé avec ce laboratoire de recherche pour son expertise scientifique et technique des infrastructures. Une application est envisagée pour les voies du futur CITYVAL. Ainsi Siemens investit sur une voie d'essai sur le site nantais de l'Ifsttar. Ce type d'investissement à longs termes permettra également de construire des recherches amont en connaissance des structures et d'être partenaire de projets de recherche européen dans le cadre du nouveau programme cadre H2020.

 

Question : Pendant longtemps on a opposé les approches Tech Push aux approches Market Pull. Comment envisager l’innovation en partant des besoins du grand public à travers une « Hybridation Market Pull Tech Push » ? Les producteurs et les innovateurs devraient-ils à votre avis mobiliser davantage une organisation transversale des échanges grâce à des outils de compréhension de la demande nationale et internationale révélant les besoins diverses de notre société ?

 

Marc Zuber : Tous ces exemples témoignent de l’engagement de Siemens pour l’innovation. Au niveau Groupe, la stratégie d’innovation est supervisée par une organisation transverse, appelée « Corporate Technology » (CT). Elle est chargée de faire le lien entre les besoins du marché, les universités, les instituts de recherche, les start-ups et fonds de venture capital, les fournisseurs et le Groupe. CT supporte l’innovation tout au long de la chaîne de valeur : la recherche ; le développement ; la production ; l’évaluation. Son expertise s’étend sur 13 domaines technologiques : les logiciels ; les plateformes IT ; la sécurité des données ; l’aide à la décision ; l’automatisation de systèmes ; l’ingénierie système ; l’imagerie informatique ; les matériaux ; l’électronique ; les détecteurs ; l’énergie et l’eau ; la transformation énergétique.

 

CT compte plus de 6 000 employés et a tissé des partenariats importants avec des universités et des instituts de recherche du monde entier. Les spécialistes de CT identifient les tendances futures à partir des tendances actuelles. Leur méthode consiste à extrapoler des scenarii sur nos modes de vie futurs. C’est ainsi que Siemens a identifié ses 13 champs technologiques à forts potentiels capables de révolutionner le monde et transformer des pans importants de son activité. Plus fondamentalement, ces perspectives d’innovation répondent à quatre mégatendances mondiales : le changement climatique, la mutation démographique, la mondialisation, et l’urbanisation.

 

C’est à ces enjeux que doivent répondre les modèles d’innovations. Siemens se prépare ainsi au monde de demain !

 

 

Lire l'interview dans le livre: 

"Tous Entre-preneurs ! La croissante du 21eme siècle a l'heure entrepreneuriale". Editions L’Harmattan, Dr. Florin Paun, 2014

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